Gruppomimo, le Royaume de la Pizza « instagrammable » ouvre un nouveau restaurant dans le 2e

Alors que je pointais récemment les défauts des restaurants italiens branchés qu’on ne compte plus dans Paris, il semblerait que la tendance se confirme avec l’ouverture d’un nouvel établissement Gruppomimo juste en dessous des grands boulevards. On y retrouve globalement tous les éléments du genre : déco qui nous fait voyager, présentation des plats ultra soignée inversement proportionnelle au goût dans l’assiette et des prix trop élevés par rapport à la qualité.

Les influenceurs vont se bousculer rue Montmartre ce jeudi pour la soirée d’inauguration de ce nouveau haut lieu de gastronomie italienne essentiellement élaborée pour bien passer sur les réseaux sociaux. De plus, ça sera gratuit pour eux ! Pour les autres, il faudra prévoir une réservation sous peine de se voir recaler, même vers 22h.

L’équipe a choisi le style vénitien autour de dégradés de rose. Habituel point fort de ce type de restaurant, c’est pour le coup un peu raté. La belle verrière ne semble pas terminée, les appliques et les rideaux en velours qui décorent les alcôves rappellent le Bistrot romain… On oubliera également assez vite l’absence totale de cohérence s’agissant de la playlist où se suivent des « hits » de la bande FM.

Nous sommes venus tester les pasta alla valentina, les fameuses Scialatielli fraîches all’uovo al tartufo, préparées dans une meule de Pecorino DOP & truffe fraîche d’hiver. Comme je souhaitais tout de même goûter les pizzas, nous avons partagé une Classic queen, la Regina, en entrée. Très belle, la pizza est également très correcte. Vendue 14€, elle entre dans la case des pizzas ultra classiques, un peu cher, mais qu’on aime dévorer. La déception arrive après.

Le show de la préparation des pates dans la meule fait son petit effet. On voit le plateau passer très régulièrement… C’est notre tour. Notre serveur s’exécute sans faux pas. Un détail me gêne cependant. Alors qu’il râpe généreusement le Grana padano puis la truffe, un flacon d’huile est présent sur le plateau. Flacon qui vient terminer la préparation avec un tout aussi généreux badigeonnage.

Nos quatre assiettes servies, nous sommes envahis par les arômes de truffe. Les saveurs sont en revanche moins présentes : les truffes n’ont aucun goût. Il s’agit probablement de truffes chinoises qui nécessitent l’ajout d’huile pour donner le change. La crème est très liquide et les pates très (trop) al dente. A 24 €, ce plat est beaucoup trop cher. Vous aurez une belle vidéo souvenir pour les réseaux, votre estomac lui l’oubliera très vite.

On termine par la profiterole à la pistache. Ce dessert me fait penser à la tarte au citron de Big Mamma. Bien trop gros pour une personne, il ne sort pas du lot pour autant. Le topping pistache est ultra sucré et la glace n’a aucun goût.

Comment s’enflammer pour ce type de restaurants : les restaurateurs font exploser les prix, alors qu’ils rabotent en permanence sur la qualité. La Mozzarella di bufala a laissé place à la Fior di latte (même fromage, mais au lait de vache), le Parmigiano reggiano a laissé la place au Grana padano, et désormais donc, la Truffe Melanosporum a laissé la place à la truffe chinoise avec sa petite huile de truffe blanche, tous ces substituts étant bien évidemment moins chers. Les Italiens qui passent par Paris doivent bien rire en voyant l’état de leur cuisine chez nous : très moyenne et hors de prix !

Guillaume