La Felicità, ou la très mauvaise idée de Big Mamma

Acteur important des restaurants italiens à Paris, le groupe Big Mamma a ouvert il y a quelques années la Felicità. Il s’agit d’un Food court consacré à la nourriture italienne. Il est installé à une extrémité de la Station F, l’incubateur à Start up fondé par Xavier Niel dans le 13e. L’espace est énorme, très coloré et particulièrement bruyant. Une sorte de parc d’attraction pour amateurs de Pizza, Pasta et autres réjouissances de la grande botte.

Ma première expérience avec le groupe Big Mamma, chez Popolare, s’était soldée par une déception. Pour résumer, j’avais peu goûté au cadre faussement authentique, et encore moins à ma pizza mal-cuite. En revanche, j’avais loué la qualité indéniable des produits. Le pire moment restait cette longue attente devant l’établissement, avant même son ouverture, pour être sûr d’avoir une table, les réservations n’étant pas possibles. Les clients, unanimes sur ce point, ont eu gain de cause puisqu’un système de réservation a depuis été instauré dans tous les établissements ou presque.

Revenons à Felicità. Les chiffres donnent le tournis : 4 500 m2, 8 cuisines, 9 chefs, 3 bars… et un wagon de train (!?) Comme il s’agit d’un point important pour le groupe je commencerai par le cadre. Il n’y a rien à dire, c’est très beau. De nombreux éclairages, de grandes baies vitrées, les fameux murs de bouteilles. Le site est découpé en plusieurs espaces avec des configurations différentes : longues tablées, tables plus classiques, terrasse de bistrot, jardin d’intérieur et même un espace « bibliothèque » plus au calme. C’est plutôt confortable.

Pour commander, pas de serveurs. Cela se passe essentiellement sur l’appli dédiée. Vous sélectionnez, vous payez et on vous prévient quand c’est prêt. Côté pizza, le choix a été restreint pour gagner en efficacité. Du coup, ça va plutôt vite. Côté pasta, c’est quasiment pareil. Pour les bars en revanche, il faut faire la queue avant de commander.

J’ai pris la Regina, un classique, au format « Napolitaine ». Encore une fois, rien à dire sur les produits. On sent que c’est frais et de qualité. La pâte, elle, n’est pas exceptionnelle. Rien à voir avec celle de Guillaume Grasso. L’ensemble est correct, même si pour 15€, on s’attend à mieux.

Le problème de l’établissement est ailleurs. A l’entrée, le personnel nous invite à passer commande sur le site dédié. Mais ça va tellement vite, qu’on n’a pas la possibilité de trouver une table (surtout lorsqu’on est nombreux ou qu’on arrive un après 19h). Il n’est donc pas rare de chercher une place avec sa pizza sur les bras… Une fois que vous avez trouver votre emplacement, autre problème, il n’y a aucun couvert sur les tables. C’est reparti pour une escapade. Ils sont placés à des endroits loin d’être visibles. Résultat, vous mangez une pizza froide !

Et le comble, même si vous avez été prévoyants et que vous avez une table, il est impossible de tous partir chercher vos plats en même temps. En effet, vous risquez de vous la faire chiper par un autre client qui, avec son assiette dans les mains, fera fi du vêtement que vous aurez laissé pour la bloquer. Donc, en plus de manger froid, vous ne mangerez pas en même temps que vos amis.

Ajoutez à cela, le bruit inhérent à ce type de structure et vous obtenez l’archétype de la mauvaise soirée… Je ne comprends pas qu’après déjà quelques années d’exploitation, le groupe n’ait pas modifié son fonctionnement. Quelques personnes pour orienter les clients vers des tables libres et des inscriptions visibles pour les couverts pourraient suffire… Probablement parce que malgré tout, ça cartonne.

Guillaume