L’Armagnac est la plus ancienne eau-de-vie française. Une eau-de-vie de
raisins qui doit son identité à son terroir et à ses méthodes de production
restées très artisanales. Souvent dans l’ombre du Cognac qui s’exporte beaucoup
plus, l’Armagnac lui ressemble mais conserve tout de même sa propre identité. La
famille Dartigalongue est, depuis 1838, à la tête de la plus ancienne des
maisons du Bas-Armagnac. Pour son 180e anniversaire, elle présentait
la semaine dernière sa Cuvée Louis-Philippe, un assemblage de quelques-uns de
ses meilleurs produits.
Commençons par un petit rappel technique, l’Armagnac se distingue du
Cognac en différents points. D’abord, le cépage. Là où le Cognac est produit très
majoritairement avec de l’Ugni blanc, le producteur d’Armagnac utilise de la
Folle blanche, du Baco, et donc de l’Ugni blanc.
Ensuite, le terroir. Sous l’armagnac, on trouve des sables fins
quartzeux, des sédiments continentaux et fluviaux et de l’argile siliceuse. Les
sols cognaçais sont moins variés, ils sont en majorité calcaires.
Enfin, la distillation. L’eau de vie obtenue à l’issue de la
distillation avec un alambic armagnacais a un degré alcoolique compris entre
52% à 72%. La distillation sur l’alambic charentais comprend deux
distillations. La première chauffe permet d’obtenir un alcool à 20-30° appelé «
brouilli » qui sera redistillé en « bonne chauffe » à 70-71 degrés. Cette
dernière distillation deviendra du cognac.
Depuis 1998, tous les 10 ans, les années en « 8 »,
Dartigalongue présente une nouvelle version de sa Cuvée Louis-Philippe. Cette
année, l’assemblage inédit se compose de cinq millésimes sélectionnés pour leur
qualité et leur complémentarité. Lorsque le 1983 délivre des notes d’épices, le
1986 apporte des arômes de fruits confits et le 1992 des notes vanillées. Le
Millésime 1994 offre une jolie touche florale. Quant au Millésime 1979, il
vient structurer l’ensemble et apporte de subtiles notes de rancio. Grâce à ce
judicieux mariage à la personnalité affirmée, la Cuvée Louis-Philippe 180e anniversaire se distingue par sa rondeur, sa finesse et une longueur en bouche
remarquable.
Lors de cette belle dégustation, Benoit Hillion, directeur de la
maison, nous a révélés quelques petits secrets de fabrication. « Pour obtenir un assemblage que nous
convient, nous avons effectué une grosse dizaine de sessions de dégustations. D’ailleurs
nous sommes en train de terminer l’embouteillage de la cuvée, et il est fort
probable que les dernières bouteilles soient meilleurs que les premières. »
A bon entendeur…
Guillaume
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