mercredi 25 avril 2018

Un week-end chez Colette

L'année 2018 est truffée d'occasions de partir en week-end prolongé. L’an passé nous avions choisi de profiter du 8 mai pour visiter, quatre jours durant, quelques villes de Bourgogne, un territoire fait de contrastes et d'une grande richesse culturelle. Tandis que je trépignais à l'idée de visiter la terre d'enfance de Colette qui est l'une de mes autrices favorites, Guillaume, lui, était impatient de visiter les villages de vignerons, et Chablis. C'est ce voyage que je vous raconte aujourd'hui.


Nous logions à deux kilomètres du centre de Saint-Sauveur-en-Puisaye, où la petite Gabrielle Sidonie Colette a vécu jusqu'à ses dix-huit ans. Le Domaine des Sapins, maison de famille devenue gîte, a gardé toute sa personnalité d'antan, remplie des souvenirs de Fabrice Brangeon-Bonnard, notre hôte. L'ancienne écurie nous accueillait, au milieu des glycines, de hauts sapins, et de quelques araignées taquines. Chaque matin, entre deux tartines, il régale ses clients d'anecdotes sur sa région qu'il adore et sur ses multiples vies. Grâce à ses conseils, nous avons découvert un très beau restaurant à deux pas de Saint-Sauveur, le Moulin de Corneil, où nous avons dîné le samedi soir. Près d'une rivière, nous avons savouré un menu copieux, local, et varié, arrosé d'un vin de Bourgogne rouge qui nous a totalement étonné, très minéral.
           
Nous avons aussi découvert grâce à Fabrice un petit théâtre, construit au milieu d'un champ, conçu pour devenir l'atelier de Sylvie Pothier, qui vit tout près. Et c'est ainsi qu'il fut rebaptisé l'Atelier Bleu, grande salle programmant des lectures, spectacles de danse, de théâtre, et des créations autour de la poésie. Il possède également une mezzanine pour les expositions qu'accueille la compagnie. Le public s'assied dans un ensemble de fauteuils anciens dépareillés, rendant la représentation délicieuse, il faut bien le dire.

L'un des objets de notre séjour était donc la visite de la ville de naissance de Colette. Nous y voilà ! Autant vous dire que visiter le musée qui lui est consacré, puis sa maison (dans cet ordre, n'oubliez pas), a été un enchantement pour moi. Au-delà de l'engouement d'admiratrice que j'ai pu éprouver, force est de reconnaître que le parcours muséographique est d'une très grande qualité. Il permet aux néophytes d'apprendre à la connaître, grâce au parcours reposant sur les sensations, les souvenirs de sa vie, et les évocations subtiles de son œuvre. Le plus joli souvenir que j'aurai de la ville est sans doute la visite de la maison de Colette, sous une pluie fine, réveillant les odeurs de son jardin. La réouverture de celle-ci, il y a tout juste un an, apporte un joli flot de visiteur à la ville. L'équipe des guides, d'une rare érudition, nous ont menés dans les couloirs de cette demeure à l'histoire mouvementée, qui semblait habitée par les Colette.

On n'oublie pas de faire un petit tour dans la cave de Chantal Blin, de déguster un Pavé Saint-Sauveur, spécialité de la ville, à la Boulangerie Maureille Germain où l'on est reçu avec un immense sourire, et de visiter la galerie des Créacteurs en Puisaye, lieu de partage permettant à de nombreux artistes réunis en association d'exposer et de vendre leurs créations. Nous avons rencontré là-bas Xavier Lauprêtre, qui y expose régulièrement ses travaux. On regrettait l’an dernier l’absence de restaurant correct dans la ville de naissance de cette épicurienne de Colette, on souhaite que cela ait évolué !

Nous avons pris le temps, avant de partir pour l'autre partie de la Bourgogne, plus vinicole, d'arpenter le marché de Toucy, assez incontournable. Nous y avons croisé, dans un bistrot très vivant, un dessinateur qui croquait les clients dans son carnet. Le lendemain, la visite du Château de Saint-Fargeau qui fut la demeure de la Grande Mademoiselle, cousine de Louis XIV, s'est révélée très intéressante mais parfois décevante, car certaines salles sont totalement laissées à l'abandon depuis une bonne quarantaine d'année. Néanmoins, petit à petit, les dons le réhabilitent, et tout l'été, des reconstitutions historiques et visites nocturnes à la bougie font vivre le lieu.

Le dernier jour de notre week-end était consacré à la découverte d’un des terroir viticole les plus célèbres au monde : Chablis. Après une balade dans de très beaux villages de vignerons, à flanc de coteaux, tels que Coulanges-la-Vineuse et Irancy, nous avons retrouvé une amie dans son village d'enfance, Collan, où ses parents vivent et travaillent la terre (le film Tonnerre de Guillaume Brac avec Vincent Macaigne, y a été tourné !). Elle nous a emmenés au Bistrot des Grands Crus, à Chablis, où nous sommes régalés d'un Vieilles Vignes, de jarrets d'agneau et d'une truite cuisinés au vin de la ville. Somptueux. Son père, vigneron passionné, achève la journée par une grande promenade au cœur du chai des Dampt, qu'il gère avec son frère, et de leurs vignes. Dans la lumière du soleil couchant, nous en avons appris beaucoup sur la culture du raisin, et sommes repartis avec des paysages magiques dans les yeux. Pour nous, c'était très précieux. Nous le remercions pour tout cela.

Sachez que les Journées des Glycines, festival littéraire rendant hommage à Colette et aux jardins, est organisé du 5 au 6 mai à Saint-Sauveur ! La région est également connue pour sa terre très particulière et ses très belles poteries : n’hésitez pas à aller voir les potiers dans leurs ateliers. La pluie tombait trop fort pour que nous puissions visiter le chantier de Guédelon, tout près d'ici, et c’est bien dommage ! Il faut absolument s’y rendre. Enfin, de nombreux lacs vous permettront de faire de belles promenades, et peut-être de retrouver les douces impressions qu’ils inspirèrent à Colette…

Margot

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