L'année
2018 est truffée d'occasions de partir en week-end prolongé. L’an passé nous
avions choisi de profiter du 8 mai pour visiter, quatre jours durant, quelques
villes de Bourgogne, un territoire fait de contrastes et d'une grande richesse
culturelle. Tandis que je trépignais à l'idée de visiter la terre d'enfance de
Colette qui est l'une de mes autrices favorites, Guillaume, lui, était
impatient de visiter les villages de vignerons, et Chablis. C'est ce voyage que
je vous raconte aujourd'hui.
Nous
logions à deux kilomètres du centre de Saint-Sauveur-en-Puisaye, où la petite
Gabrielle Sidonie Colette a vécu jusqu'à ses dix-huit ans. Le Domaine des
Sapins, maison de famille devenue gîte, a gardé toute sa personnalité d'antan,
remplie des souvenirs de Fabrice Brangeon-Bonnard, notre hôte. L'ancienne
écurie nous accueillait, au milieu des glycines, de hauts sapins, et de
quelques araignées taquines. Chaque matin, entre deux tartines, il régale ses clients d'anecdotes sur sa
région qu'il adore et sur ses multiples vies. Grâce à ses conseils, nous avons
découvert un très beau restaurant à deux pas de Saint-Sauveur, le Moulin de
Corneil, où nous avons dîné le samedi soir. Près d'une rivière, nous avons
savouré un menu copieux, local, et varié, arrosé d'un vin de Bourgogne rouge
qui nous a totalement étonné, très minéral.
Nous
avons aussi découvert grâce à Fabrice un petit théâtre, construit au milieu
d'un champ, conçu pour devenir l'atelier de Sylvie Pothier, qui vit tout près.
Et c'est ainsi qu'il fut rebaptisé l'Atelier Bleu, grande salle programmant des
lectures, spectacles de danse, de théâtre, et des créations autour de la
poésie. Il possède également une mezzanine pour les expositions qu'accueille la
compagnie. Le public s'assied dans un ensemble de fauteuils anciens
dépareillés, rendant la représentation délicieuse, il faut bien le dire.
L'un
des objets de notre séjour était donc la visite de la ville de naissance de Colette.
Nous y voilà ! Autant vous dire que visiter le musée qui lui est consacré, puis
sa maison (dans cet ordre, n'oubliez pas), a été un enchantement pour moi. Au-delà
de l'engouement d'admiratrice que j'ai pu éprouver, force est de reconnaître
que le parcours muséographique est d'une très grande qualité. Il permet aux
néophytes d'apprendre à la connaître, grâce au parcours reposant sur les
sensations, les souvenirs de sa vie, et les évocations subtiles de son œuvre.
Le plus joli souvenir que j'aurai de la ville est sans doute la visite de la
maison de Colette, sous une pluie fine, réveillant les odeurs de son jardin. La
réouverture de celle-ci, il y a tout juste un an, apporte un joli flot de
visiteur à la ville. L'équipe des guides, d'une rare érudition, nous ont menés
dans les couloirs de cette demeure à l'histoire mouvementée, qui semblait
habitée par les Colette.
On
n'oublie pas de faire un petit tour dans la cave de Chantal Blin, de déguster
un Pavé Saint-Sauveur, spécialité de la ville, à la Boulangerie Maureille
Germain où l'on est reçu avec un immense sourire, et de visiter la galerie des
Créacteurs en Puisaye, lieu de partage permettant à de nombreux artistes réunis
en association d'exposer et de vendre leurs créations. Nous avons rencontré là-bas
Xavier Lauprêtre, qui y expose régulièrement ses travaux. On regrettait l’an
dernier l’absence de restaurant correct dans la ville de naissance de cette épicurienne
de Colette, on souhaite que cela ait évolué !
Nous
avons pris le temps, avant de partir pour l'autre partie de la Bourgogne, plus
vinicole, d'arpenter le marché de Toucy, assez incontournable. Nous y avons
croisé, dans un bistrot très vivant, un dessinateur qui croquait les clients
dans son carnet. Le lendemain, la visite du Château de Saint-Fargeau qui fut la
demeure de la Grande Mademoiselle, cousine de Louis XIV, s'est révélée très
intéressante mais parfois décevante, car certaines salles sont totalement
laissées à l'abandon depuis une bonne quarantaine d'année. Néanmoins, petit à
petit, les dons le réhabilitent, et tout l'été, des reconstitutions historiques
et visites nocturnes à la bougie font vivre le lieu.
Le
dernier jour de notre week-end était consacré à la découverte d’un des terroir
viticole les plus célèbres au monde : Chablis. Après une balade dans de
très beaux villages de vignerons, à flanc de coteaux, tels que
Coulanges-la-Vineuse et Irancy, nous avons retrouvé une amie dans son village
d'enfance, Collan, où ses parents vivent et travaillent la terre (le film Tonnerre
de Guillaume Brac avec Vincent Macaigne, y a été tourné !). Elle nous a emmenés
au Bistrot des Grands Crus, à Chablis, où nous sommes régalés d'un Vieilles
Vignes, de jarrets d'agneau et d'une truite cuisinés au vin de la ville.
Somptueux. Son père, vigneron passionné, achève la journée par une grande
promenade au cœur du chai des Dampt, qu'il gère avec son frère, et de leurs
vignes. Dans la lumière du soleil couchant, nous en avons appris beaucoup sur
la culture du raisin, et sommes repartis avec des paysages magiques dans les
yeux. Pour nous, c'était très précieux. Nous le remercions pour tout cela.
Sachez
que les Journées des Glycines, festival littéraire rendant hommage à Colette et
aux jardins, est organisé du 5 au 6 mai à Saint-Sauveur ! La région est
également connue pour sa terre très particulière et ses très belles
poteries : n’hésitez pas à aller voir les potiers dans leurs ateliers. La
pluie tombait trop fort pour que nous puissions visiter le chantier de
Guédelon, tout près d'ici, et c’est bien dommage ! Il faut absolument s’y
rendre. Enfin, de nombreux lacs vous permettront de faire de belles promenades,
et peut-être de retrouver les douces impressions qu’ils inspirèrent à Colette…
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