J'ai eu l'agréable surprise, en me rendant pour la première
fois aux Arts Décos, d'en apprendre beaucoup sur cet objet si iconique qu'est
la Barbie. On en a tellement dit à son propos depuis quelques années, chargeant
ses petites épaules en plastique de tous les outrages infligés à l'image de la
femme, qu'une exposition – installée au Musée des Arts Décoratifs jusqu'au 18
septembre 2016 – n'est pas de trop pour
rétablir une certaine mesure. L'un des jouets les plus populaires au monde
l'est pour de nombreuses raisons, s'ancrant dans une certaine tradition tout en
se renouvelant, et en véhiculant des messages forts. Retour sur un véritable
mythe pop.
Ruth
Handler fait très fort, lorsqu'elle crée la toute première Barbie en 1959, en
invitant les très jeunes filles à rêver leur vie future, mais en se mettant à
la place de leur poupée. Poupée qui, inspirée de Lilli, personnage de BD
allemande, est une jeune femme sexy, émancipée et ambitieuse. Rétrograde, la
Barbie ? Pas si sûr. Elle est le symbole de la réussite d'une femme sur un
marché exclusivement contrôlé par les hommes.
Autant
le dire, l'exposition est prolifique. La scénographie, tout en courbes, rubans
de couleurs bleues et roses, nous donne l'impression d'évoluer dans un
emballage des 70's, sans en faire trop dans le registre « girly ».
Totalement immergé dans l'univers de la poupée, les différentes sections nous
en apprennent énormément sur son évolution. Barbie a son existence propre :
elle devient un personnage de fiction métamorphe, indépendant mais pouvant
accueillir les rêveries de toutes les petites filles. Les amis de Barbie sont
créés, mais aussi ses parents, ses frères et sœurs, ses animaux... Et bien-sûr
Ken, son éternel petit ami : on notera que Barbie ne s'est jamais mariée avec
lui, qu'elle l'a même quitté pour un surfeur australien, Blaine, pour revenir
avec lui en 2011 car celui-ci l'aurait "reconquise". Barbie mène la
danse, et exerce autant de métiers qu'il en existe, et pas que des métiers dits
"de fille". Avant Neil Armstrong, Barbie marche sur la Lune, en 1965
!
On
aura beau dire que la Barbie véhicule une image tronquée de la femme,
l'exposition nous réconcilie avec elle. Bien que dotée d'une morphologie hors
norme, les créateurs ont toujours eu la démarche de coller aux modes, et aux
évolutions sociales en prise avec le monde réel. A titre d'exemple, une Barbie afro-américaine
a été créée en parallèle des actions militantes de la communauté noire aux
Etats Unis, au milieu des années soixante. Et ce n'est pas le seul exemple dans
ce style ! Inspiratrice des plus grands créateurs de mode et artistes du XXe
siècle, elle se régénère sans cesse, et nous réserve énormément de surprises.
Prévoyez bien deux heures pour cette exposition très accessible et
intelligente.
Margot
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