Ah, le seizième... Impressionnant, clos et fleuri,
l'arrondissement est doté d'un grand nombre de musées, qui lui apporte beaucoup
de vie, comme le Musée Marmottan-Monet. A un saut de cabri du Bois de Boulogne,
je me suis rendue dans cet ancien pavillon de chasse durant une belle journée
de mai. Fief d'une famille d'amateurs d'arts, ce joli bâtiment néo-classique aux
salons rose dragée et vert-amande accueille de nombreuses œuvres de Claude
Monet au sous-sol, mais également des expositions temporaires. Jusqu'au 3
juillet 2016, les enfants sont à l'honneur. Intéressant, car à part dans les
représentations de l'enfant Jésus, si nous remarquons leur présence dans les
toiles, nous y prêtons rarement une attention soutenue. Focus sur les
"mini-nous", dans la peinture française du XVIIe siècle à nos jours.
L'exposition
propose un parcours chronologique, qui suit une évolution du statut de l'enfant
dans la société française, et donc dans la peinture qui la représente. Plus ou
moins iconique ou universelle, l'image du tout-petit est le reflet de sa
considération dans la vie publique et dans la famille. Les notes nous en apprennent
beaucoup sur ce qu'était censé être un enfant dès le siècle de Louis XIV.
D'ailleurs,
le voilà, l'"enfant-soleil" ! Ses premiers portraits, tout bébé puis
jusqu'à son couronnement, nous présentent le futur souverain, emmailloté et
couvert d'attributs de pouvoir. La mortalité infantile était malheureusement
habituelle. Une série troublante de portraits commémoratifs de princes et
princesses décédés témoigne d'un goût pour les portraits post-mortem. Avec le
siècle des Lumières, on commence à s'intéresser à ce que les petits peuvent
ressentir. C'est le temps de l'Emile, ou de l'éducation de Jean Jacques
Rousseau. Ils sont représentés en famille, dans une atmosphère complice, en
train d'étudier. On prépare les enfants à leur futur rôle socio-familial:
littérature, maternité et travaux d'aiguilles pour les filles, logique,
sciences et activités physiques pour les garçons.
La
Révolution Française fait basculer l'enfance dans le sang. On apprend que les
enfants-soldats étaient des membres à part entière des sans-culottes, puis de
l'armée sous le règne des Napoléon. La guerre entre de plein fouet dans
l'imaginaire des enfants, dans leurs jeux et leur éducation. La fin du XIXe
siècle oscille alors entre deux images infantiles : l'enfant privilégié aux
joues roses, couvert du ruban et jouant de la musique des tableaux de Renoir,
et les gosses de la rue, maltraités et survivant grâce aux petits métiers. Un
martyr, de Fernand Pelez, représentant un petit vendeur de violettes tombé
inanimé dans un coin sale, m'a clouée au sol.
L'exposition
se clôt sur les ouvrages jeunesse du début du XXe siècle (albums illustrés et
livres d'histoires, qui se mettent au niveau des petits) et à l'art brut, qui
font de plus en plus éclore le regard de l'enfant et reconnaissent sa
particularité. Picasso et Matisse adoptent un trait vif, pur et libéré des
carcans du dessin classique, tandis que Dubuffet dessine des
"bonshommes", d'après des dessins d'enfants de sa connaissance.
Instructive
et claire, "L'art et l'enfant" est une expo très accessible, qui
pâtit malheureusement de l'étroitesse du lieu (préférez les tout débuts d'après-midi).
A travers la représentation de l'enfant, on y voit le reflet des adultes qui
les ont peints : on réalise à quel point le soin ou l'indifférence qu'on leur
porte à travers l'histoire a eu une influence sur celle-ci. Faisons attention à
nos petits, plus que jamais par les temps qui courent, et emmenons les au
musée.
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