La prostitution fait partie intégrante de l'histoire de
Paris. La courtisane a de tout temps été une source d'inspiration, à la fois
crachoir et support de fantasmes. Ce que les hygiénistes parisiens de la fin du
XIXe siècle appelaient fort poétiquement "l'égout séminal", soit le
commerce des corps, permet de canaliser les pulsions qui ne peuvent s'exprimer
au sein du couple ou ne peuvent s'exprimer tout court. Ainsi, on évitait pas
mal de désagréments grâce à ce « service public ». La maison close
devient donc une composante essentielle du quotidien : un lieu de vie. On
y vient comme au café, après le boulot, mais aussi pour le loisir, voire l'évasion.
Des établissements parisiens tels que la Maison Souquet ont vu le jour pour
donner l'occasion aux hommes de s'adonner au plaisir, dans un cadre luxueux,
afin d'élever ce service à une prestation de prestige.
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Non,
nous n’allons pas vous parler d’une maison close que nous fréquentons… Figurez-vous
qu’après avoir connu une traversée du désert à leur fermeture, ces
établissements renaissent en arborant de nombreux visages. Les bars à cocktails
tels que le Dirty Dick et le Lulu White en sont de bons exemples, mais certains
ont pris le parti d'évoluer en de somptueux hôtels, qui flirtent avec les
étoiles : la Maison Souquet est de ceux-là, elle en possède désormais cinq.
Nous avons eu la chance de nous y rendre durant la Paris Cocktail Week, afin de
découvrir les voluptueuses créations de son bar.
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Conçu
comme un écrin, la Maison Souquet a gardé son identité « Belle Epoque ».
Grand luxe et décadence, l'ambiance est rehaussée par le parfum d'une bougie
spécialement conçu pour l'hôtel, où se mêlent jasmin, rose et feuille de tabac.
Nous sommes escortés jusqu'à l'un des salons, aux murs tapissés de fleurs et
aux alcôves tendues de velours rouge. Des portraits de dames disparues nous
contemplent. Les bougies constituent presque à elles seules l'éclairage et on
peut entendre chanter Billie Holiday, et Ella Fitzgerald, au-dessus du
chuchotement des autres clients.
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Cette
année, la Paris Cocktail Week s’ouvre aux bars d’hôtels de luxe, et c'est le
Leïla qui est proposé ici. Vodka infusée aux framboises, liqueur Saint Germain,
jus d'orange et de citron vert, framboises fraîches et bière au gingembre en
constituent l'assemblage. Frais et sensuel, parfumé et gourmand, sa relative simplicité
et son équilibre en font un beau cocktail, accessible selon moi à tous les
palais. Le Mimi, un petit cocktail sans alcool proposé en complément de celui-ci,
m'a ravi également, il est à base de Schweppes, citron vert, et sirop de rose :
émoustillent en douceur.
Vendu
12 euros pour l’occasion seulement, le Leïla fait partie de la carte permanente
du bar. Il côtoie d'autres créations, qui portent les prénoms de lorettes plus
ou moins célèbres. Elles sont réparties en catégories, correspondant au degré
de prestige des dames. Les Cocottes, les Courtisanes et enfin, les Demi
Mondaines, s'échelonnant de 17 à 20 €. Un cocktail, qu'on peut (s')offrir comme
un cadeau érotisant, dans un établissement au cadre exceptionnel, pour un moment
d'histoire qu’on l’on n’oubliera pas de sitôt.
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