Le nom d’un établissement est très important. Bien
souvent il est suffisant pour nous donner envie de nous y rendre. Il a
longtemps été représentatif de l’endroit où il est situé. On trouve de très
nombreux « Café de la gare » ou « Hôtel de la plage ».
Parfois il reprend le patronyme du patron ou de l’épouse de celui-ci. Plus
récemment on s’est mis à chercher des noms sous la forme de jeux de mots sympas
ou encore de références à ce que représente l’établissement. Comme pour le Mabel, le Blaine bar, nouveau speakeasy situé dans le quartier des Champs
Elysées, utilise le nom d’un acteur important de la prohibition aux Etats Unis.
Ouvert en novembre 2015, le Blaine bar doit son nom à John J Blaine,
Sénateur du Wisconsin aux Etats Unis et qui est à l’origine du Blaine Act. Ce
texte a abrogé le 18ème amendement de la Constitution américaine
mettant ainsi fin en 1933 à la prohibition des boissons alcoolisées.
En bon speakeasy qui se respecte, le Blaine ne possède pas d’enseigne.
Lorsque vous arrivez au 65 de la rue Pierre Charron, vous ne trouverez qu’un
homme assis sur un tabouret haut vous bloquant l’accès à une porte austère.
Pour entrer au Blaine il faut prononcer un mot de passe. Rassurez-vous, même
s’il change chaque semaine, ce dernier n’est pas particulièrement secret, il
demande simplement à ce que le client effectue une petite recherche avant
d’arriver. « L’objectif n’est pas d’empêcher qui que ce soit de venir
prendre un verre chez nous, me glisse le barman, nous aimons seulement l’idée
de devoir se renseigner en amont pour pouvoir entrer. On peut nous le
demander sur Facebook ou dans les commerces ou hôtels du quartier. » Ce
soir-là c’est ‘Mistinguett’.
Nous arrivons au bar après avoir descendu un escalier en très mauvais
état. La salle est plongée dans une obscurité relative et est uniquement
éclairée par de toute petite lampes ou bougies. Composée de meubles
dépareillés, l’unique salle est décorée de bric et de broc sans cohérence et
surtout sans réelle âme. En inspectant bien on y trouve tout de même quelques
petits trésors comme cette affiche du « Catalogue des Prix de
l’amour » par Mademoiselle Marcelle Lapompe nichée dans un coin.
La carte des cocktails est plutôt classique avec un mélange de
compositions que nous connaissons bien mais aussi un certain nombre de créations
vendues entre 11 et 16 euros. J’ai bu un Mint Julep Select à base de Whiskey
Woodford Reserve, Crème de framboise, Purée de framboise, Liqueur de chocolat,
Jus de cranberry et Menthe fraîche. Je suis globalement déçu par ce cocktail.
Le mélange framboise, chocolat et canneberge ne fonctionne pas vraiment,
surtout lorsque la canneberge est trop présente.
De taille modeste, le Blaine se remplit assez rapidement. Parfois,
malgré le mot de passe, il arrive que les clients doivent patienter quelques
minutes pour pouvoir entrer. « On a un seuil de remplissage à 50/60
personnes. Ça nous oblige parfois à faire attendre des gens qui ont le mot de
passe. On préfère ça plutôt que de perdre des clients parce que l’atmosphère en
bas est irrespirable. » Il est vrai que le confort à l’intérieur est
plutôt appréciable, surtout lorsque, comme chaque mercredi et vendredi vers
21h, un groupe de jazz/swing s’installe pour mettre de l’ambiance. Le bar ferme
à 4h du matin en fin de semaine, il est donc tout à fait possible d’aller
manger un morceau et de revenir plus tard.
Dans un quartier où les bars d’hôtels ou les pubs touristiques sont
majoritaires, le Blaine apparait comme une belle alternative pour les amateurs
de cocktails à prix raisonnables. Pensez tout de même à vous procurer le mot de
passe, sans lui vous n’aurez aucune chance d’entrer !
Guillaume
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