Comme vous le savez peut-être, je suis étudiante en arts du
spectacle. Ces études me permettent de faire de nombreuses sorties, telles
qu'assister à des représentations au théâtre, à des rencontres avec des
artistes, à des festivals... Mais aussi visiter les musées. Cette année, un
cours sur le costume de scène m'a amenée à aller voir une exposition... de
haute couture ! Oui, je n'aurai pas pensé mettre de si tôt les pieds au Musée
Galliera. La mode retrouvée, les robes trésors de la Comtesse Greffulhe
(prononcer "Gréfeuille") a été pour moi une source d'émerveillement
total. D'abord la découverte du Palais Galliera, écrin au cœur d'un jardin du seizième, puis le bijou
qu'est cette collection de robes créées pour cette femme d'exception qui vous est proposée jusqu'au 20 mars 2016
©PierreAntoine
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Née
au tournant du 19e siècle, la jeune Elisabeth de Caraman-Chimay a marqué son
temps. Mariée très jeune et d'une grande beauté, elle est depuis petite très
intéressée par les arts, grâce à l'éducation avant-gardiste que lui donnent ses
parents, l'initiant à divers instruments de musique et à la littérature. Elle
est de toutes les fêtes, et très vite, elle se démarque de ses
contemporaines. Chaque aspect de ses
tenues – tenues, que dis-je, ornements ! – est créé pour elle, en harmonie avec
sa silhouette et l'occasion pour laquelle la robe est portée (de l'heure du thé
au mariage de sa fille, en passant par une visite officielle du Tsar de
Russie), et terriblement original : un véritable concept éphémère, qui déroute,
envoûte, et devient inoubliable. Robes, mais aussi chapeaux, chaussures, gants,
éventails qui la subliment, suivant la mode ou créant celle-ci, sans qu’elle ne soit
jamais égalée en élégance. Âgée, la "divine comtesse" est toujours
branchée, lovée dans des tenues 'orientalisantes' du goût le plus exquis, ou des
robes aux formes innovantes. Les créations sont exposées très sobrement dans
une scénographie humble, et se laissent découvrir sous une lumière douce, qui
respecte la délicatesse des matières.
©PierreAntoine
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Les
panneaux descriptifs qui rythment l'exposition nous racontent l'histoire de ce
dressing de prestige. Les repaires historico-culturels et les extraits de
correspondances nous font revivre cette époque. Les échanges épistolaires sont
dignes de roman. D'ailleurs, l'émoustillé Marcel Proust s'inspirera de son amie
la comtesse de Greffulhe pour créer le personnage de la duchesse de Guermantes
dans la Recherche du Temps Perdu, dont certains extraits se donnent à
lire. Elle inspire l'admiration (l'amour ?) des peintres, des couturiers, des
poètes, et des musiciens. La Pavane de Gabriel Fauré fut écrite pour
elle, et c'est grâce à la comtesse que le compositeur Wagner se fit connaître à
Paris, entre autres.
En
sortant de l'expo, j'étais transportée par la beauté de ce que j'avais vu, et
cet hommage rendu à la belle mécène m'a touchée profondément. Une intense envie
de pleurer m'a saisie, mais mes larmes sont pour notre France blessée. Mon cœur
a éclaté de rire, et je me suis mise à danser sur les trottoirs du 16ème,
encore en compagnie des grands artistes, dansant dans les plus captivants
salons de Paris.
Margot
En complément à cette superbe exposition, je vous recommande la lecture de la passionnante biographie richement illustrée que lui a consacrée Laure Hillerin, "La comtesse Greffuhe, l'ombre des Guermantes" (Flammarion, 2014). Un site web vous donnera toutes les infos sur cet ouvrage :http://www.comtessegreffulhe.fr
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