Il n’y a rien de pire qu’une œuvre d’art qui reste
incomprise ! A part peut être une exposition dont on ne saisit pas la
cohérence. Les collections d’envergure présentées dans les grands musées
nationaux concernent généralement des peintres, sculpteurs ou même photographes
décédés. Il y a donc parfois pour le visiteur une certaine frustration de ne
pas avoir de réelle explication concernant les œuvres qu’il observe.
La rétrospective du Centre Pompidou consacrée à Martial Raysse,
artiste français aux multiples facettes, a pour avantage d’avoir un sujet bien
vivant. C’est un atout lorsqu’il s’agit de présenter un univers particulier que
d’avoir l’artiste lui-même pour organiser et expliquer son art. Elle présente chronologiquement
l’essentiel de l’œuvre du maître encore en activité et regroupe ainsi des œuvres
créées entre 1960 et 2014.
Martial Raysse est né dans le sud de la France en 1936. Devenu
rapidement l’un des peintres abstraits les plus inventifs de la Côte d’Azur, il
s’intéresse ensuite au plastique et à sa beauté brute. « Les Prisunic sont les musées d’art
moderne ». Sa carrière décolle véritablement lorsqu’au début des
années 60, il se rapproche du mouvement Pop Art et s’installe aux Etats Unis.
Optimiste quoi qu’un peu provocateur, Raysse est en parfaite osmose
avec son temps. Il peint ses sujets, comme la Grande Odalisque, avec modernité,
et dessine des formes neuves et inspirées de l’imagerie du quotidien. Il
utilise le néon ainsi que des couleurs flamboyantes et artificielles.
Au fil du temps et de ses mésaventures, il multiplie les inspirations
et les supports. Peinture, sculpture, collage, photographie et film sont ses
moyens d’expression sans jamais oublier le plastique et surtout le symbolisme
de la culture populaire.
Protéiforme, l'oeuvre de Raysse séduit par sa singularité et son décalage.
L’exposition commence donc par la période Pop de l’artiste. C’est
lisse, vif et bien entendu coloré. Un point de départ idéal pour le profane qui,
comme moi, découvre l’artiste. On y trouve bien entendu son interprétation de
la Grande Odalisque d’Ingres, la Raysse beach, ou encore le visage
féminin fragmenté de Life is so complex
réalisé en 66.
Par la suite nous est proposée une période au court de laquelle la
vision de l’artiste évolue. Elle prend la forme
de vidéos ou de films avec notamment la projection du Grand Départ tourné en négatif en 1972. Originale mais
difficilement accessible, cette partie de la rétrospective n’a pour intérêt que
de montrer l’étendue de la palette de l’artiste.
Enfin le tournant des années 80 rapproche à nouveau Raysse de la
peinture avec un style conjuguant art naïf, références à la mythologie, et
classicisme. Ses œuvres des années 2000 sont marquées par leur taille, Ici Plage, comme ici-bas réalisée en
2012 est large de 9 mètres pour une hauteur de 3 mètres. L’objectif est de
faire coïncider dans une même vision le macroscopique et le microscopique.
Accessibles au plus grand nombre, car tout le monde se retrouve en
elles à un moment ou à un autre, ces fresques sont également ponctuées d’inscriptions
amusantes qui concluent à merveille l’expo.
Très agréable à suivre, cette rétrospective nous permet de nous immerger
dans l’univers de Martial Raysse, un artiste qui a su aller tantôt à l’essentiel
et tantôt au plus complexe, voire à l’improbable. Le fait qu’il soit encore
parmi nous donne du corps aux différentes explications présentes tout au long
de la visite. Le fascicule de l’expo a même parfois des allures d’interview.
N’hésitez pas à vous rendre à Pompidou pour voir cette exposition,
vous ne serez pas déçus. Toutefois ne traînez pas, elle n’est visible que jusqu’au
22 septembre 2014.
Guillaume.
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