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Parfois, on a le cœur las de
cette course au métro, de ce concours du sandwich avalé le plus vite, de ce
record de la douche la plus rapide... bref, de ces JO du quotidien qu'on
s'impose pour ne pas paraître un tantinet oisif. Mais comme ceux des athlètes,
nos corps et nos psychés fatiguent. Nombreux sont les journaux qui en parlent,
mais on le sait tous intimement : on a besoin d'une pause. Sans forcément
expérimenter la pleine conscience ou « mindfulness », qui est presque
une continuité de ce qui va suivre, on peut réapprendre très simplement à
s'accorder un moment de volupté. Les salons de thé Mariage Frères sont des
îlots où le citadin avide de douceur peut enfin se reconnecter à son plaisir et
prendre une leçon de dolce farniente (prodiguée à Liz alias Julia
Roberts dans Mange Prie Aime).
A
l'orée du Marais, on trouve au bout d'une petite rue intime, protégé des bruits
de Châtelet, la rue du Bourg-Tibourg, l'un des salons de la célèbre maison.
Lorsqu'on pousse la porte, on s'arrête. Les senteurs de thé et de bois ciré, la
lumière douce comme pénétrant une serre tropicale et le bruit feutré des
couverts créent l'atmosphère de luxe tranquille de l'établissement. C'est un
cocon aux allures coloniales où d'élégants hommes en blanc nous guident à notre
table. Tiens, qu'est ce que j’entends ? Un air d'opéra…
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Le
salon devient restaurant plus tôt dans la journée, mais nous arrivons à 16
heures, c'est l'heure du thé. Tant pis, la prochaine fois je prendrai sûrement
une Snob Salad (doux ménage à trois de foie gras, saumon fumé et crevettes, et
arômes de thé Matcha). Nous avons trouvé la formule miracle du goûter. Pour une
vingtaine d'euros, on vous apporte une théière entière du thé de votre choix. Choix
difficile car nous nous retrouvons face à une carte riche, aux références
complexes, qui nécessitera les lumières des serveurs. Je choisis le thé
« Éléphant blanc », thé blanc donc, aux suaves notes d'agrumes. A
température parfaite, il est accompagné de desserts qui m'ont, sans mentir,
procuré une rare émotion : crème brûlée, panacotta, macaron, financier,
salade de fruit... L'expression « Madeleine de Proust » vous dit quelque
chose ? Et bien voilà, c'est une saveur rare et ancienne, bien au delà de
notre propre enfance, qui nous parvient. D'autres douceurs sont au menu,
notamment un scone des plus ravissants, que deux brésiliennes commandent trois
ou quatre fois de suite, à la table d'à côté.
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Si
on ajoute à toutes ces beautés le moelleux de nos chaises, on peut dire sans
exagérer que nos cinq sens sont comblés. En ces lieux, un certain épicurisme
renaît en nous. Un sentiment de paix, des envies de poésies et de bonnes choses
à manger du bout des doigts nous envahissent, lentement, en rêvant de voyages.
Ce moment de délice pour soi même est un bon compromis entre nous et notre
quotidien. Une petite permission qui nous fait relativiser : pourquoi ne
pas laisser une part de plaisir un peu plus importante dans notre vie ?
Margot.
* Charles Baudelaire,
« l'Invitation au voyage » in les Fleurs du Mal
Je compte y aller ce weekend (ms pas à celui du Marais : j'aurais l'impression d'être au boulot :-D) & je te donnerai mes impressions.
RépondreSupprimerTu as reçu l'invit' sur Fb pr le derby vs. Créteil? Attention! ça va être chaud bouillant ;-)