Hey ! PartII, ma claque visuelle à la Halle Saint Pierre.
Vous êtes sans doutes passés un
jour tout près de la Halle Saint Pierre, ce grand pavillon à l'architecture
très Art nouveau, juste au pied de la Butte Montmartre. Vous vous êtes peut être
même demandé ce que contenait ce drôle d'écrin coloré. Le musée (car c'en est
un) referme en ses murs l'une des collections d'art « brut » les plus
importantes de France, et accueille pour la seconde fois en deux ans une exposition en partenariat avec la revue
artistique « Hey ! », et ce jusqu'à fin août.
N'allons pas trop vite. Qu'est ce
que l'art brut ? Un genre artistique qui en soi, est un véritable
paradoxe. Cette appellation rassemble l'art de ceux qui s'émancipent de toute
catégorie. Les créateurs eux mêmes ne se considèrent pas comme des artistes. Ce
sont des enfants, des ermites, des malades, des prisonniers, des néophytes
seulement éclairés par leur amour des matières. Non pas comme un hobby, mais
comme une pulsion vitale qui leur est aussi naturelle et nécessaire que la respiration ou la parole. Et tout aussi
désintéressée. Un musée d'art brut est donc, a priori, une aberration !
Et pourtant, d'éminents artistes, tels que Jean Dubuffet en son temps, éprouvent
une grande fascination pour ces « non-artistes » qui parlent leur
propre langage. Les collections sont nées, bien loin cependant du Gotha du marché de l'Art. Dans une époque où la création peut se résumer
à un recyclage érudit ou à un moyen de contestation plus ou moins élaboré –
cela n'engage que moi – pourquoi ne pas créer de nouvelles images, et sa propre
mythologie ? La collection d'art brut de la Halle Saint Pierre est une
invitation à pénétrer le temple intérieur de chaque créateur. Matières
insolites, naïveté du trait, brutalité de l'image ou encore processus
obsessionnels : il y a autant d'arts que d'êtres, que d'imaginaires.
Effrayante ou jouissive, cette exposition ne vous laissera pas indifférents.
La revue
« Hey ! », qui programme pour la deuxième année consécutive son
exposition au pied de la Butte, nous
offre l'opportunité de découvrir de nombreux artistes de tous horizons qui
tendent à s'affranchir des normes. Ce n'est pas une exposition d'art brut, mais
on trouve chez ces artistes un vrai souffle, un désir de s'exprimer sans
barrière de bienséance, avec une spontanéité qui se rapproche de l'art brut. En
prenant le contre-pied de l'art abstrait contemporain, ils nous emmènent dans
leur livre d'image, leur univers personnel, drôle, horrifique et sensuel.
Acide. L'humour et la spontanéité s'allient à la noirceur, l'exposition, sur
deux étages, nous fait concrètement passer de l'ombre à la lumière.
Tous les supports sont utilisés
et détournés pour dire quelque chose de violent et de charnel sur notre époque.
Vous ne sortirez pas indemnes de ce Musée des Horreurs poétique et grandiose.
Peut être serez vous envoûtés par les gazelles au visage humain de Kate Clark,
intrigués par les crânes tissés de James Skull, ou les déesses biomécaniques de
HG Giger, le créateur du monstre d'Alien ? En passant par les tapis
de sol à message politique de Moolinex, hilarants. Toutes ces œuvres sont en
équilibre entre l'imaginaire débridé des artistes et le monde contemporain. Ils
écrivent, petit à petit, la légende notre siècle.
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